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11 novembre 2012, hommage à nos 10 moines tombés pendant la 1ère guerre mondiale

Il y a près d’un siècle, nos religieux, chassés de leur monastère d’En Calcat par une république anticléricale, avaient dû demander à l’Espagne l' asile qu’on leur refusait en France.
Dès que le décret de mobilisation fut publié, comme tous les autres Religieux exilés, ils revendiquèrent avec fierté leur qualité de Français, qui ne leur donnait pas le droit d’habiter leur pays, mais leur laissait celui de mourir pour le défendre.
30 jeunes moines partirent au front. 10 d’entre eux y ont laissé leur vie pour défendre notre pays.
Cet anticléricalisme, toujours vivace au début des années 20, ne permet pas à nos 10 jeunes de figurer sur notre monument aux morts. 
L’Association Dourgne Patrimoine a voulu réparer cette injustice par la réalisation d’une plaque à la mémoire de ces 10 jeunes.  Notre association a été aidée en cela par la Mairie par son accord et la pose de la plaque, par les religieux d’En Calcat et par la section castraise du Souvenir Français. Nous les en remercions. 

C’est ainsi que :
Frère BERNARD
Dom DOMINIQUE
Dom JEAN
Dom JEAN BAPTISTE
Frère AMBROISE
Père LUC
Père IRENÉE
Dom ADRIEN
Frère MARIE JOSEPH
Et  Oblat…… JEAN DE CHABANNES
Figurent près d’un siècle après leur sacrifice, sur notre monument aux morts.

Frère DAVID, père abbé d'En Calcat,, Hélène AZAM, maire de DOURGNE et le Président de notre association ont dévoilé la plaque révélant ainsi le nom des 10 moines "oubliés" de la République.



















































































Frère DAVID a prononcé un discours empreint d'une grande émotion. Nous le reproduisons ci-dessous :



Madame le Député,

Madame le Conseiller Général,
Madame le Maire de Dourgne,
Messieurs les Représentants de l’Armée Française,
Chers concitoyens,

Si la présence des moines est en général discrète lors de la traditionnelle cérémonie du 11 novembre, ce jour est chaque année pour nous un temps de prière pour la paix, et l’occasion de faire mémoire de tous ceux qui ont payé de leur vie l’amour de notre pays..
Il se trouve que cette année, l’association Dourgne Patrimoine a eu l’initiative d’une démarche qui nous a énormément touchés, et nous sommes heureux de manifester notre reconnaissance par une présence plus visible.
Il y a presque cent ans, le 2 août 1914, quand sonne le tocsin à tous les clochers de France, appelant à la mobilisation générale, les moines d’En Calcat ne sont plus à Dourgne ; depuis onze ans, ils sont exilés en Espagne.
Ce jour-là, à Besalu, en Catalogne, en l’absence du Père Abbé Dom Romain et du prieur le P.Marie Cambarou, il revient au P.Maur Sablayrolles, sous-prieur, et au P.Luc Girot, maître des novices, d’informer les frères de la mobilisation et de les inviter à s’engager pour leur pays, tout en laissant chacun libre de « profiter » de sa condition d’exilé.
Le chiffre de ceux qui partiront est éloquent : 32 frères vont s’engager, parmi lesquels le P.Henri de Morant, qui n’a pas 20 ans et qui s’illustrera particulièrement. Plusieurs devancent l’âge de la conscription,
Ils partent par petits groupes.
Lors du passage de l’un des premiers groupes à Cerbère, à la frontière française, la population locale leur fait une ovation qui les touche au plus profond. Oui, ils sont toujours français, ces moines dont un gouvernement a voulu faire des apatrides. Un gouvernement, un régime, quel qu’il soit, et si légitime qu’il soit, n’est pas la patrie, même s’il la représente.
C’est sous la contrainte juridique et policière qu’ils sont partis en 1903, c’est librement qu’ils reviennent, et pour un bien commun qui les oblige à prendre le risque de mourir.
Dix frères y laisseront leur vie.
Neuf sont tombés au champ d’honneur, à Valmy, Ypres, Varennes, Verdun…
Moyenne d’âge : 27 ans. Le plus âgé est le P.Luc, le maître des novices, il a 43 ans. Le plus jeune a 21 ans.

Les tranchées ont changé le cœur de bien des hommes : la fraternité des hommes d’armes a réveillé la fraternité des hommes tout court, plus grande que les options idéologiques, plus grande que les idées politiques ou les convictions religieuses.
Au retour de la guerre, les exilés seront admis à revenir à En Calcat, autour de Dom Romain. Ils y reviendront là aussi par groupes, jusqu’en 1928.
La construction du monastère se poursuivra longtemps.
Elle continue. La véritable libération n’est jamais achevée. La construction de paix qui nous occupe encore est celle qui voudrait instaurer la fraternité et la rendre contagieuse.
De Dourgne nous avons beaucoup reçu, dès l’origine et jusqu’à maintenant.
Aujourd’hui même, ce signe fraternel de reconnaissance de nos combattants de la grande guerre nous le signifie.
Notre vie de prière, de silence, est parfois mal comprise. Ne croyez pas que nous soyons ailleurs, au loin, de l’autre côté.. Là où des combats disent l’honneur d’être hommes et d’être frères, vous trouverez des moines prêts à s’engager : pour le partage, pour la liberté, pour la solidarité.
Chers concitoyens, au nom de tous les frères d’En Calcat, je vous dis très sincèrement « merci ! »





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