top of page

Romain BANQUET

Fondateur et premier Père Abbé de l’abbaye d’En Calcat de Dourgne

Né à Dourgne, le 5 décembre 1840, Romain Banquet aimait à évoquer la maison paternelle, « située à une faible distance du bourg et de l’église, sur un coteau frais et riant, en face d’un immense horizon ».
Il disait aussi :
« Au mois d’octobre 1859, j’entrai enfin au Grand Séminaire d’Albi. Un voyage que je fis à La Trappe à l’âge de 20 ans, et des réflexions plus sérieuses, m’établirent dans la conviction que je devais rentrer dans un genre de vie sévère ». Le 10 décembre 1862, sa résolution était pleinement arrêtée d’entrer au monastère de la Pierre-qui-Vire.
Un de ses confrères du Grand Séminaire disait plus tard de lui: « j’étais son voisin à l’oraison et je le voyais le matin, quand il se sentait accablé de sommeil, sortir sans bruit de sa poche un bouchon dans lequel était piquée un grosse épingle; il se l’enfonçait dans le cou, afin que la douleur le tint éveillé ».
L’hiver, il se laissait geler jusqu’aux moelles, et l’été, il faisait à pied, sans éviter les heures de soleil, le voyage d’Albi à Dourgne afin de s’habituer aux courses de missionnaires. « Quand ma pauvre mère reçut ma première lettre de la Pierre-qui-Vire, dans son indignation et l’excès de son chagrin, elle me reprocha amèrement de l’avoir trahie ». En février 1866, Dom Romain prononçait ses vœux simples.
Le 15 juin 1867, le jeune religieux fut ordonné dans la cathédrale de Sens. Malgré sa jeunesse, il se fait déjà remarquer par la sûreté de sa doctrine et le jugement le plus averti. C’est en novembre 1874 que Mme l’Abbesse de Jouarre, près de Meaux, lui présenta une de ses pensionnaires. (Il s’agissait de Marie Cronier.)
Cette rencontre fut le premier jalon d’une route qui devait se dérouler sur plus de 50 ans, dont la principale étape serait la fondation des deux abbayes à Dourgne.
Profès solennel le 13 avril 1875, Dom Romain était nommé, le lendemain, maître des novices. Deux ans plus tard, prieur du monastère de St-Pierre-de-Canon en Provence. Lors d’une mission qu’il prêchait à Dourgne en 1885, l’archevêque d’Albi, Monseigneur Fonteneau, lui exprima « le désir, l’espérance et la volonté » de le voir au plus tôt rétablir l’Ordre Bénédictin dans un diocèse où il fut jadis si florissant. On décida que les moines se transporteraient de la Provence dans le Tarn. Grâce aux instances de M. le Chanoine Brieu, curé de Dourgne, ils s’établirent sur le patrimoine familial de Dom Romain, à En-Calcat.
Mais là où il y a des Bénédictins, la tradition veut aussi des Bénédictines, en souvenir de St Benoît et de Ste Scholastique.
En juillet 1890, les premières moniales s’installèrent à Dourgne et bientôt les constructions de leur future abbaye s’élevèrent à mi-chemin entre le village et En-Calcat.
C’est dans leur chapelle que le 23 septembre 1896, Monseigneur Fonteneau bénissait Dom Romain comme premier abbé de St Benoît. Le lendemain, Monseigneur Fulbert Petit, archevêque de Besançon, accomplissait le même rite pour Mme l’abbesse de Ste Scholastique, Marie Cronier. Tout bascula en 1901, ce fut alors la persécution et l’exil. Dom Romain dirigea sa communauté vers l’Espagne, la fixa d’abord à Parramon, puis à St Pierre de Besalù. On vécut ainsi jusqu’à l’été 1914. Dès la mobilisation, seize moines furent appelés sous les drapeaux; pendant la guerre, l’abbaye d’En-Calcat se transforma en centre de soins. En 1918, les exilés revinrent à Dourgne, dix manquaient à l’appel.
Cinq années suivirent, le Père Abbé sentait l’âge venir et ses forces diminuer. En 1923, il offrit à Rome sa démission. On la refusa, lui accordant seulement un coadjuteur. La communauté de St Benoît élut le Père Marie Cambarou.
Dans la matinée du 24 décembre 1928, Dom Romain faisait une chute et se donnait un grand coup à la tête. Le 25 février 1929 au matin, la fin parut imminente, le mourant ne donnait plus de marques extérieures de connaissance. On ramena son corps à En-Calcat, dans ce domaine paternel où il était né 88 ans plus tôt.

bottom of page